Témoignage

Patricia

J’ai décidé de jouer toutes les cartes.
Avantages pour la santé
Motivation
Ce à quoi j’ai été la plus fidèle dans ma vie, je vais vous dire, c’est la cigarette. Elle s’offrait à moi dans la variété de ses saveurs, de ses habillages, avec ou sans filtre, brunes ou blondes... j’ai même appris à rouler mes clopes, papier zig-zag et tabac, à la main ou avec cette sympathique boite à rouler au charme mécanique saugrenu … bon, j’ai pris la tangente des fois avec la pipe et le cigarillo cubain, et au commencement avec quelques beedies ces petites cigarettes indiennes composées de feuilles de kendu qui inquiétaient les professeurs, mais elles fument quoi les filles? ils se demandaient dans les couloirs du pensionnat. Donc j’avais 15 ans lorsque j’ai succombé à cette passion, fumer. Y a pas plus loyale que la cigarette, je témoigne, elle m’a accompagnée comme personne, inconditionnellement là pour moi quelque soit la qualité des émotions ou non qualité des pensées. Jour et nuit, oui, parce qu’à une époque de ma vie, je me réveillais la nuit pour fumer. J’ai même déjà traversé des villes la nuit, un pull sur le pyjama, pour la retrouver...

La Tigra aura été ma dernière fidélité, amoureuse du sublime graphisme vert intense de la marque, je la fumais non stop, je devais être la dernière tolérée à fumer dans mon bureau tout au fond du couloir parce que descendre fumer devant les bâtiments, j’aimais pas, et puis à peine de retour dans mon bureau le désir m’y aurait déjà attendue donc pas la peine de descendre et je fumais grave. Et voilà que je décide de rompre, d’abandonner la fidèle cigarette parce que j’ai mal au cœur, parce que je respire court, parce que je veux regarder la vie sans écran. La cigarette m’offrait ça, un écran de fumée entre moi et les émotions, aussi confortable que l’appareil photo avec énorme objectif derrière lequel se cacher pour voler son image à l’autre, qui qu’il soit. Mais je veux la quitter sans souffrir, je refuse de me battre contre un infernal, épuisant, désir obsessionnel de cigarette que je devrais constamment me refuser. Le désir de cigarette dure trente secondes, on me dit, pour un fumeur ces secondes n’en finissent pas, se répètent à toute vitesse, et on respire, inspire, furieusement, exilé loin au-delà de soi.

Et je ne prendrai pas un kilo je dis au tabacologue... parce que j’ai décidé de jouer toutes les cartes, de mettre tous les atouts dans mon jeu dont la science d’un tabacologue expérimenté.

Alors il y a ce patch à la nicotine peut-être que je devrais m’en apposer deux ou trois compte tenu de mon intense consommation... juste un petit quart de patch il dit le tabacologue, juste de quoi apaiser limite le cerveau et lui laisser de l’espace pour s’inventer d’autres plaisirs que tirer sur la clope... mon cerveau me suggérera d’ouvrir au hasard un bouquin de poésie et de savourer quelques lignes... En cas de manque tenace malgré le patch et la poésie j’avais la possibilité de sucer une demi pastille de nicotine, je brisais les pastilles dans une petite boite bleue, j’aime bien les boites... il y avait également les séances d’hypnose, les massages et les discussions et c’est au cours d’une discussion que j’ai découvert un truc qui m’est toujours utile, 7 ans plus tard. Pour supporter le jeûne me raconte le tabacologue, les juifs, les musulmans respirent par exemple un coing piqué de clous de girofle ou une gousse de vanille remplie de ces mêmes clous de girofle. Ce sont des leurres olfactifs, le cerveau en manque est leurré lorsqu’on respire ces odeurs. Je me suis baladée avec une gousse de vanille mais c’est pas franchement confort alors j’ai découvert le parfum solide à la vanille dans une somptueuse petite boite, le parfum se présente en apparence comme de la cire de bougie, on respire, on s’en frotte les poignets… et puis j’ai fait une recherche sur les huiles essentielles et découvert que la cardamome aide en cas d’addiction, quelques gouttes sous la gorge, mais surtout que la plus efficace des huiles essentielles dans cette délivrance c’est le myrte vert. Je l’ai beaucoup snifé en ces temps là mais faut savoir que je me balade encore et toujours avec ma petite bouteille parce que je sais qu’en moins de trente secondes sous le coup d’une très forte émotion je pourrais me retrouver la cigarette aux lèvres...


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